131  Chroniques ¡ Tango ! (03 août 2001, G

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Date: Fri, 3 Aug 2001 23:34:16 +0200
From: "Lagrana, Fernando" <fernando.lagrana@ITU.INT>
Subject: Chroniques ¡ Tango ! (03 août 2001, G
enève, Suisse)

Quelle est cette mélodie oubliée, Monsieur ?

Initiation...
Curieux, j'écoute. Ce sont tout d'abord les violons qui m'expliquent, à leur
façon, le sens de la vie. Brièvement, pourtant, comme s'ils me savaient
prêt. Une blanche, puis deux, une autre, qui se transforme. Une âme, un
coeur, une respiration qui m'entraîne, m'enivre, m'engloutit. Pour
disparaître aussitôt. Mais alors...

Invitation.
Je perçois, invite à la déchirure, s'élevant d'entre les cordes frottées par
une clique d'archets las, harassés, sourdre la plainte d'un bandonéon frêle
qui, dans sa volonté résignée de cesser d'être, m'incite a contrario à
survivre, critique de la raison objective, à m'élever de la fange, à
m'arracher de ces bas quartiers portègnes auxquels le destin s'acharne à
m'attacher, boca goulue et avide de mes chairs. Puis encore...

Exaltation !
Ecoute, bois, respire, porte en toi, éternelle enceinte qui ne saurait
mettre bas. Ce saxophone frileux, à la voix rauque comme brisée, à bout de
souffle, agonisant et pourtant si généreux. Miguel de Canaro nous emporte au
gré de sa souffrance, esclaves de son art sublime, magnifié, et nous nous
laissons faire, envoûtés. De son errance chromatique meurtrie, l'artiste
envahit l'espace et mes mains, moites et agitées de sursauts inconnus,
enserrent ma tête qui, sans savoir, sans vouloir, va et vient.

Sous la baguette du maître, l'instrumentiste hagard, sublimé par la passion
dévorante de son astorienne partition, mante religieuse qui le ronge et se
nourrit de ses sucs, s'égare, se meurt, revit soudain et, souffle haletant,
susurre une ligne mélodique dont il ne connaît la source mais dont il sait,
à coup sûr, qu'il ne pourra plus se passer.

Miracle, enfin.
Oblivion... La mélodie de l'oubli. Ressuscitée. Retrouvée. Renaissance. Duo
de souffles. Un dernier accord et l'anche de bambou de se briser sur le bec
de métal doré, le bandonéon de s'abandonner, épuisé. L'artiste expire avec
son souffle emporté. Mais la mélodie survit, à jamais, dans mes tripes,
gravée.

Piazzolla triomphe et sur les visages défaits j'observe, en m'effaçant,
comme un air de libertango.

Sérénité. Et aussi, oui, liberté.

KroniK

***************
Message personnel :

Chers amis,

si vous aimez les chroniques de Flavius et Kronik, aidez-nous à les
propager... Envoyez-nous les adresses d'amis francophiles afin que nous les
incrivions dans la liste de distribution ou invitez-les à visiter le site
web de Flavius et KroniK à www.almatango.com.

Amitiés,

Fernando
***************




Date: Fri, 3 Aug 2001 23:59:18 +0200
From: "Lagrana, Fernando" <fernando.lagrana@ITU.INT>
Subject: Chroniques ¡ Tango ! (03 août 2001, G
enève, Suisse) - Corrigendum

Quelle est cette mélodie oubliée, Monsieur ?

Initiation...
Curieux, j'écoute. Ce sont tout d'abord les violons qui m'expliquent, à leur
façon, le sens de la vie. Brièvement, pourtant, comme s'ils me savaient
prêt. Une blanche, puis deux, une autre, qui se transforme. Une âme, un
coeur, une respiration qui m'entraîne, m'enivre, m'engloutit. Pour
disparaître aussitôt. Mais alors...

Invitation.
Je perçois, invite à la déchirure, s'élevant d'entre les cordes frottées par
une clique d'archets las, harassés, sourdre la plainte d'un bandonéon frêle
qui, dans sa volonté résignée de cesser d'être, m'incite a contrario à
survivre, critique de la raison objective, à m'élever de la fange, à
m'arracher de ces bas quartiers portègnes auxquels le destin s'acharne à
m'attacher, boca goulue et avide de mes chairs. Puis encore...

Exaltation !
Ecoute, bois, respire, porte en toi, éternelle enceinte qui ne saurait
mettre bas. Ce saxophone frileux, à la voix rauque comme brisée, à bout de
souffle, agonisant et pourtant si généreux. Miguel de Caro nous emporte au
gré de sa souffrance, esclaves de son art sublime, magnifié, et nous nous
laissons faire, envoûtés. De son errance chromatique meurtrie, l'artiste
envahit l'espace et mes mains, moites et agitées de sursauts inconnus,
enserrent ma tête qui, sans savoir, sans vouloir, va et vient.

Sous la baguette du maître, l'instrumentiste hagard, sublimé par la passion
dévorante de son astorienne partition, mante religieuse qui le ronge et se
nourrit de ses sucs, s'égare, se meurt, revit soudain et, souffle haletant,
susurre une ligne mélodique dont il ne connaît la source mais dont il sait,
à coup sûr, qu'il ne pourra plus se passer.

Miracle, enfin.
Oblivion... La mélodie de l'oubli. Ressuscitée. Retrouvée. Renaissance. Duo
de souffles. Un dernier accord et l'anche de bambou de se briser sur le bec
de métal doré, le bandonéon de s'abandonner, épuisé. L'artiste expire avec
son souffle emporté. Mais la mélodie survit, à jamais, dans mes tripes,
gravée.

Piazzolla triomphe et sur les visages défaits j'observe, en m'effaçant,
comme un air de libertango.

Sérénité. Et aussi, oui, liberté.

KroniK

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Chers amis,

si vous aimez les chroniques de Flavius et Kronik, aidez-nous à les
propager... Envoyez-nous les adresses d'amis francophiles afin que nous les
incrivions dans la liste de distribution ou invitez-les à visiter le site
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Amitiés,

Fernando
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